30/04/2013

Se taire ou se résigner, jamais !

  • Le lundi 29 avril plus de 10.000 manifestants ont défilé dans les rues de Charleroi. Une manifestation en Front Commun Syndical pour exiger la fin du massacre de l'emploi dans la région. (voir compte-rendu ici) Nous publions ici le discours très combatif de Carlo Briscolini, Président de la régionale FGTB. 

Citoyenne, Camarade,

Aujourd’hui nous sommes plus de 12.000 manifestants dans les rues de Charleroi. Pour notre emploi, l’avenir de nos enfants et de notre région. « Charleroi se bat pour l’emploi » « Charleroi vivra ».

De cette tribune, nous tenons à remercier toutes les délégations qui sont venues nous rejoindre. De Wallonie, de Bruxelles ou de Flandre, nous saluons votre présence et votre démarche de solidarité. Wij wensen, vanop deze tribune, alle delegaties te bedanken die ons vandaag zijn komen vervoegen. Vanuit Wallonië, Brussel of vanuit Vlaanderen, bedankt voor jullie aanwezigheid en voor deze uiting van solidariteit. Merci aussi à l’Union des commerçants et artisans de Charleroi. Vous avez décidé de participer solidairement à cette marche pour l’emploi en ouvrant plus tard vos enseignes et en apposant plus de 600 de nos affiches. C’est un geste fort que nous apprécions.
Chers Camarades,
Après nos mobilisations du 21 février dernier à Bruxelles avec plus de 40.000 participants et celle du 14 mars lors du dernier sommet européen, cette journée d’action à Charleroi/Sud-Hainaut, cette marche pour l’emploi s’inscrit aussi dans un large plan de mobilisation et d’actions des organisations syndicales dans diverses villes et régions du pays. Ensemble, nous voulons arriver à une grande mobilisation interprofessionnelle au niveau fédéral et européen lors du prochain sommet européen de juin 2013.
Avec une situation socio-économique difficile, nous continuons à payer les conséquences de cette crise financière de 2008 dont nous ne sommes pas responsables. Les requins de la finance ont joué, ils ont spéculé mais aujourd’hui ils ne veulent pas assumer leurs erreurs et c’est à la collectivité que l’on présente la note.
Partout en Europe, les banques ont été renflouées à coup de milliards d’euros sur le dos de la collectivité entraînant ainsi les déficits publics et l’économie réelle dans une récession d’envergure. Distribuer les profits aux actionnaires et laisser le passif social au monde du travail est leur seule devise.
Mais aujourd’hui, qui paie la note de la récession économique et de la dette publique ??? Qui paie les pots cassés ?? La réponse est claire : ce sont les travailleurs, les allocataires sociaux et cela ne peut plus continuer ainsi !! Nous devons réagir de toutes nos forces contre ce système capitaliste qui nous entraîne vers le néant. Depuis plus de 30 ans, la crise a bon dos. On nous sert toujours le même discours, les mêmes politiques d’austérité, les mêmes remèdes. On nous demande encore et toujours de faire des efforts car cela ira mieux demain …. Mais pour nous il n’y a pas de lendemain. On ne voit pas le bout du tunnel mais encore des sacrifices à venir.
Pour ceux de ma génération qui n’ont jamais connu que restructurations, fermetures d’entreprise, suppression d’acquis sociaux et licenciements, … j’ai l’impression dans mes souvenirs de n’être jamais sorti d’un système en crise perpétuelle. Et tout cela dans une société de plus en plus riche pour une minorité et qui engendre la misère pour les plus faibles.
De la crise pétrolière en 1974 en passant par les pouvoirs spéciaux sous l’équipe Martens Gol en 1982/1983. Du plan global en 1994 en passant par le pacte anti-génération de 2005. Du contrôle de la disponibilité des chômeurs en passant par les mesures budgétaires de ces dernières années, nous n’avons cessé de payer les conséquences néfastes de ce système capitaliste alors qu’eux continuent à se partager les dividendes.
Le seul objectif des leaders de la finance est d’implanter durablement la seule loi du marché et de la spéculation. Ils veulent éliminer toutes les entraves et les barrières qui freinent leur sacro-saint principe de liberté du marché et vous verrez que le marché répondra à toutes vos attentes. On voit le résultat aujourd’hui pour notre région : fermeture du dernier haut fourneau à Charleroi, fermeture du Ruau, du Centre Electronique, restructuration chez Thâles, à Alsthom Power, dans la sidérurgie, dans le secteur du verre, dans les imprimeries mais aussi dans le secteur bancaire et le secteur du commerce et maintenant Caterpillar et tous ses sous-traitants … Sans compter toutes les pertes d’emplois dans les P.M.E dont on ne parle jamais. C’est plus de 10.000 emplois perdus ou menacés dans notre région. Un véritable TSUNAMI social.
Aujourd’hui, on restructure et on licencie même dans les entreprises saines et financièrement viables. Dans les groupes, on déplace des productions pour maintenir un niveau de profit à deux chiffres pour les actionnaires sans se soucier de l’impact social pour les travailleurs licenciés. Dans ces mêmes groupes, la concurrence interne entre les sites est devenue une règle de gestion pour optimaliser les profits. Sans parler des milliards d’aide publique accordés aux entreprises sans contrepartie en matière d’emplois.

Carlo Briscolini : "Nous devons réagir tous
ensemble contre ce système capitaliste."
Camarades, l’ennemi n’est pas en notre sein. L’ennemi, c’est cette droite qui fait tout pour nous diviser …. Taxant les chômeurs de fainéants, les fonctionnaires trop nombreux de malades imaginaires et les travailleurs de grèviculteurs.
L’ennemi, c’est aussi ce patronat financier sans stratégie industrielle qui sacrifie ses travailleurs sur l’hôtel du profit.
Camarade, l’ennemi c’est encore cette Europe aujourd’hui antisociale servant de prétexte à toutes les politiques d’austérité mises en place. En Grèce, au Portugal, en Espagne, en Italie, comme en Belgique, nous sommes tous mangés à la même sauce mais malheureusement avec des réactions disparates et non coordonnées. Nous devons absolument accélérer le processus visant à internationaliser les mouvements et les réactions syndicales. Notre Syndicat Européen doit aussi exister sur le terrain de l’action et pas uniquement sur le terrain de la réflexion et de l’analyse.
Au niveau européen, les autorités publiques doivent prendre des mesures urgentes pour réguler les marchés. L’entrée des produits industriels des pays émergents qui sont impossibles à concurrencer et qui détruisent notre tissu industriel de base doivent faire l’objet de taxes basées sur des critères sociaux et environnementaux.
De cette tribune, nous adressons un dernier appel pressant à tous nos parlementaires fédéraux et régionaux pour un changement de cap et pour qu’ils combattent avec la dernière énergie, la ratification souhaitée par l’Europe du futur traité sur la stabilisation, la coordination et la gouvernance et sa fameuse règle d’or. Accepter ce traité, c’est courber l’échine au nom de la droite et de la finance. Nous ne pouvons l’accepter.
L’ennemi, c’est aussi tous ces budgets et contrôles budgétaires que l’on nous dit toujours indolores et sans grande conséquence pour la population mais qui nous font si mal.
Jugez plutôt de notre triste réalité : blocage des salaires pour les prochaines années, manipulation de l’index, nouvelles mesures sur la flexibilité au travail, dégressivité des allocations de chômage, atteinte aux services publics et que dire de leur volonté d’harmoniser le statut Ouvrier/Employé vers le bas.
L’addition est salée et certainement pas indolore. Elle est par contre tellement supportable pour les plus riches et le monde des entreprises puisque l’on ne retrouve pas dans ces budgets de mesures pour une fiscalité plus juste, pas de cotisations de crise, pas de remise en cause fondamentale des intérêts notionnels, pas d’impôt sur les grosses fortunes, ni d’impôt minimum des sociétés, pas de véritables taxes sur les transactions financières et surtout pas de lutte contre les paradis fiscaux.
L’ennemi, c’est aussi tous ces choix politiques qui se conforment à une course à l’échéance électorale, à une vision à court terme ou à une gestion purement budgétaire. Aujourd’hui, la politique du moindre mal ne passe plus et la phrase magique « ce serait pire sans nous » n’est plus le reflet de la réalité. Les décisions politiques doivent redonner de l’espoir aux gens.
L’autorité publique, l’Etat doit se réapproprier son rôle de régulateur de la société et son autorité vis-à-vis du monde de la finance. A tous les niveaux, l’autorité publique est au service du citoyen et pas du monde de la finance.

Pour illustrer mes propos et plutôt qu’un long discours, prenons l’exemple de ma commune : Dampremy. L’une des
15 communes de l’entité de Charleroi, l’une des plus petites
(- 7.000 habitants) et des plus pauvres de Charleroi se caractérisant aujourd’hui :

- Population âgée avec des petites pensions ;
- Taux de chômage très important au-dessus de la moyenne surtout chez les jeunes ;
- Des prestations sociales du CPAS primordial pour beaucoup de famille ;
- Un habitat très précaire et un niveau de pauvreté très alarmant.

Il y a 25 ans quand je suis venu m’y installer, Dampremy c’était :

- Une administration communale présente avec 3 implantations au service du citoyen ;
- C’était aussi un bureau de police avec des agents de quartier ;
- C’était également 2 bureaux de poste accessibles ;
- Nous avions également 3 agences bancaires.

Aujourd’hui, Dampremy c’est :
- Plus d’administration communale présente avec des bureaux d’accueil ;
- Plus de bureau de police ; Plus de poste, plus de banque.

En un mot : plus rien, plus de présence ni de services au public, ni de l’autorité publique. L’abandon total de toute une population paupérisée.
Est-ce que c’est cela que nous voulons comme société de demain pour nos enfants ?
Aujourd’hui nous réaffirmons que les services publics sont un facteur essentiel de la redistribution des richesses.

Chers Camarades,
Nous devons réagir tous ensemble contre ce système capitaliste. En front commun syndical, ouvrier et employé du secteur privé et du secteur public, travailleurs actifs des grandes entreprises ou des petites PME, pensionnés, prépensionnés, TSE, citoyen : notre seule devise est l’unité. Notre volonté est de mener des combats au niveau interprofessionnel pour plus de solidarité et de bien-être pour l’ensemble de la société. Notre vision interprofessionnelle et collective est l’essence de notre combat syndical.
A Charleroi, nous voulons lutter contre cette vision régionaliste de la politique, du repli sur soi dans laquelle on veut nous entraîner.
Malgré les difficultés, la peur de perdre son emploi, les vieux réflexes corporatistes ou individualistes, nous devons jouer notre rôle de contre-pouvoir sans jamais renoncer. Rien ne tombe du ciel, rien n’est jamais acquis définitivement et c’est dans le combat syndical que nous avons obtenu nos plus grandes victoires.
« Tous Ensemble, on est plus forts » n’est pas qu’un simple slogan à Charleroi, c’est une réalité et vous en faites la démonstration.
Se taire ou se résigner, jamais !!!!

29 avril 2013 - Carlo Briscolini

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