22/06/2012

L’Appel de la FGTB de Charleroi a résonné à Liège !

Par Denis Horman
Le 15 juin 2012, à l’initiative de la Formation Léon Lesoil, l’asbl culturelle de la LCR,  c’est dans une salle bien remplie de la FGTB de Liège que Daniel Piron, secrétaire régional de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut, est venu expliquer, devant une centaine de participant/e/s, le sens et les objectifs de l’Appel qu’il a lancé, le premier mai dernier à Charleroi, au nom de l’ensemble des centrales de la régionale FGTB. A la même tribune, Nico Cué, secrétaire général des Métallos FGTB Wallonie-Bruxelles, allait appuyer et conforter cet Appel.
Dans la salle, les secrétaires des régionales de la FGTB  de Verviers et Namur, des délégué/es syndicaux, des militant/e/s des organisations de la gauche radicale -LCR, PTB, PC, PSL-,  du Mouvement de Gauche également, des mouvements sociaux ou encore des personnes qui aspirent à la mise en œuvre d’une véritable alternative anticapitaliste, au rassemblement des forces de gauches pour la mettre en œuvre.
Appel à un rassemblement politique à  gauche du parti socialiste et d’Ecolo
« Il faut le dire clairement, signale d’emblée Daniel Piron, le Parti socialiste ne représente plus pour nous aujourd’hui le relai naturel de la FGTB ». Et d’évoquer, ces 20 dernières années, avec le retour des socialistes au gouvernement, la réforme de l’enseignement durement payée par les enseignants, le plan global, le pacte des générations, le contrôle de la disponibilité des chômeurs, et, pour couronner le tout, les décisions budgétaires 2012 du gouvernement Di Rupo 1er, « ce plan d’austérité et de régression sociale le plus dur qu’on ait connu, avec ce bain de sang social surtout pour les chômeurs ». « Après la grève générale de fin janvier 2012, continue le secrétaire régional de la FGTB de Charleroi, nous avons tenu une assemblée des militants syndicaux. Nombre de ceux-ci, en proximité avec le PS, ont dit « le PS nous a trahis ».
Daniel Piron a précisé le sens de l’appel du 1er mai : appel à un rassemblement politique à gauche du PS et d’Ecolo. « Ce que nous voulons, ce n’est pas  pousser à la création d’un parti de plus à gauche, mais  de fédérer à la gauche du PS et Ecolo. Il y a là des forces vives, actives, militantes et anticapitalistes porteuses d’espoir pour le monde du travail ». Appel sans exclusives : « la FGTB de Charleroi a rencontré d’abord la section du Hainaut de la LCR, suite à la lettre ouverte, adressée aux syndicalistes par la Ligue Communiste révolutionnaire. Nous sommes en contact également avec le PTB, le PC, PSL ; et puis, on peut aussi rallier des militant/e/s  de la gauche chrétienne, également du PS, d’Ecolo, déçus, sans pour autant faire un rassemblement des déçus ».  Appel à un rassemblement sur la base d’un programme anticapitaliste : « C’est en toute indépendance syndicale –car le syndicat n’a pas vocation d’être un parti-, mais sur la base d’un programme syndical anticapitaliste, déjà présent, pour une bonne part, dans les congrès de la FGTB wallonne, que nous allons continuer à interpeller les organisations et les militants de la gauche de gauche ». Un appel à concrétiser, mais pas de manière précipitée : «  il faut prendre le temps de dialoguer avec l’ensemble des forces de gauche, ce que nous ferons après les élections communales. Mais, l’urgence est là également. Attention à l’extrême-droite ! ».

Nico Cué enchaîne sur le constat fait par Daniel Piron : « le PS est au pouvoir depuis 25 ans. Après le plan global, la norme salariale en 1996, le Pacte des générations, soi-disant pour garantir l’avenir des plus jeunes, nous voici maintenant avec un plan d’austérité, de régression sociale du gouvernement Di Rupo, un programme du MR au carré ! ». Et de souligner, lui aussi, les violentes attaques contre les chômeurs : « Plus de 100 000 personnes vont voir, dans les deux prochaines années, leurs indemnités de chômage diminuer de manière drastique ; 30 000 jeunes vont perdre leurs indemnités de chômage. Est-ce que la situation économique justifie de telles mesures ? Non ! ». « A la FGTB Métallos Wallonie-Bruxelles, continue son secrétaire général, on considère que nous sommes dans un changement de régime. C’est le président de la Banque centrale européenne lui-même, Mario Draghi, qui le dit en proclamant que le modèle social européen est mort.  Un « modèle » établi après la 2ème guerre mondiale entre patronat, syndicats et gouvernements, impliquant une répartition plus ou moins équilibré des fruits de la croissance, de la production des richesses. C’en est fini : le grand capital et la dictature des marchés en ont décidé autrement ».  Nico Cué  souligne également un autre aspect de ce  changement de régime : « Est-on encore en démocratie ? L’Europe, la commission européenne, le Conseil européen sont en train d’imposer, avec la fameuse « règle d’or », des mesures d’austérité à l’ensemble des pays, sans que les parlements nationaux, démocratiquement élus, aient leur mot à dire ».
« On a un énorme besoin d’une alternative politique à gauche, une vraie alternative anticapitaliste », souligne notre syndicaliste. Et de lancer un appel : « Il est temps qu’on prenne bien conscience qu’il faut se rassembler à la gauche du PS. Il est grand temps que les organisations de la gauche de gauche arrêtent de se diviser, de penser dans sa chapelle, d’avoir raison contre les autres ».

Un débat constructif !
Le PS en a pris pour son grade ! « La politique social-démocrate a viré au social-libéralisme », constate un ancien secrétaire régional de la FGTB ; le relai politique du PS, « sans nous ce serait pire, ce serait le bain de sang social », a servi à faire passer des mesures de plus en plus antisociales ». Un délégué syndical parle du « pire plan d’austérité de l’après-guerre » et y va d’une réflexion quelque peu truculente : « Les cadres du MR n’ont plus besoin de viagra, parce qu’ils bandent tous les jours ». Un autre délégué pose la question aux deux orateurs: « l’appel au rassemblement politique de gauche a-t-il pour fonction d’être un aiguillon du PS ? Celui-ci peut-il encore  se replacer dans la défense inconditionnelle des travailleurs ? ».
« Nous sommes bien dans un basculement du monde », constate un autre intervenant. Au-delà des mesures d’austérité, c’est la destruction de tous les acquis du mouvement ouvrier depuis la 2ème guerre mondiale dont il s’agit ». Et d’ajouter : « comme le souligne la lettre ouverte de la LCR aux syndicalistes, ce gouvernement, comme les autres en Europe, veut casser la résistance du mouvement syndical, pousser les syndicats dans le coin pour lancer demain des attaques encore plus grandes. Il y a, dans plusieurs pays, de grande mobilisations sociales, des grèves générales, mais elles butent contre le mur du pouvoir en place. Le verrou est politique ».
Une grande partie du débat porte précisément sur le sens, la concrétisation de l’Appel à un rassemblement politique des forces à la gauche du PS et Ecolo, son caractère anticapitaliste, sa résonnance actuelle dans le mouvement syndical, les initiatives en cours et à poursuivre.
Attention à la précipitation, mais aussi à la lenteur, car il y a des opportunités à savoir saisir ! Attention à l’électoralisme, d’où l’importance d’articuler le débouché politique avec les luttes sociales.
Une autre réflexion largement partagées par plusieurs interventions : « Ce qui est fondamentalement différent de ce qu’on a connu jusqu’à présent, c’est que cet appel vient du mouvement syndical lui-même  et qu’il place les organisations de la gauche anticapitaliste devant leurs responsabilités. Cette responsabilité pourrait par exemple se concrétiser, à l’initiative  des porteurs de l’Appel syndical, en des actions, des mobilisations unitaires sur les principales attaques actuelles du gouvernement et du patronat, la suppression et la dégressivité des allocations de chômage, les prochaines mesures budgétaires, par exemple ».

Quelques éléments de clarification      
Daniel Piron et Nico Cué, sur la même longueur d’onde, allaient, en conclusion, apporter quelques éléments de réponse aux questions et aux nombreuses interventions.
« Un sursaut à l’intérieur du PS, on aimerait bien, mais nous n’y croyons pas. Le rassemblement auquel nous voulons travailler, en toute indépendance syndicale,
c’est bien pour nous la construction d’une force politique de gauche anticapitaliste, crédible, unitaire pour concrétiser une véritable alternative, pas seulement sur la plan électoral, mais pour agir et peser sur le terrain,  dans la lutte de classe, une lutte qui va être de plus en plus dure ».
« Il faut se dépêcher lentement », souligne Nico Cué. « Il faut s’accorder sur le rythme, car nous sommes dans un tournant historique. Si on ne saisit pas ce moment, je ne donne pas cher pour que, dans les 5 années qui viennent, on ne se retrouve en prison pour des faits de grèves, pour des actions syndicales un peu musclées. Voyez Mme Milquet, notre ministre de l’Intérieur, qui, après les incidents de Molenbeek, fait le forcing pour interdire les organisations radicales ». Et d’insister à nouveau sur la responsabilité des organisations de la gauche radicale.
« Ca commence à bouger au sein de la FGTB », soulignent nos deux syndicalistes. Au-delà de la FGTB de Charleroi, l’Exécutif des Métallos FGTB est dans cette démarche ; la Centrale Générale lance le débat et à la FGTB wallonne, on en discute également. Mais, pour nos deux syndicalistes, l’important aujourd’hui, « c’est de mener un débat en profondeur en interne, dans les structures syndicales, jusque dans les entreprises ».
« L’histoire nous donnera raison », conclut Daniel Piron. « Un plan de relance comme nous le voulons, ça ne se fera pas. Le gouvernement a décidé d’aller trouver encore quelque 15 milliards d’euros, d’ici 2015, pour combler le déficit budgétaire. Cela va encore donner une plus grande résonnance à notre Appel.
En attendant, on ne se croise pas les bras. Nos orateurs  ont annoncé la préparation de mobilisations syndicales pour la mi-septembre.
A nous d’être à leurs côtés !    

20/06/2012

Trouver un travail même précaire ou tomber sous le seuil de pauvreté et l’exclusion !


Depuis 2004, l’accompagnement et le contrôle des travailleurs sans-emploi ont subi de profondes modifications. Présentée par les gouvernements successifs comme une façon d’aider les travailleurs sans emploi à mieux retrouver un travail, tout au contraire, cette politique d’activation des allocations de chômage fait peser sur eux la menace constante de suspensions ou d’exclusions. Ces changements répondent à deux impératifs : d’une part, faire rembourser par les personnes les plus fragilisées une dette dont elles ne sont pas responsables, puisque provoquée par les banques, les financiers spéculateurs et des actionnaires peu scrupuleux. D’autre part, faire pression sur les travailleurs sans emploi pour qu’ils acceptent n’importe quel boulot dans n’importe quelle condition et ainsi donner entière satisfaction au patronat qui veut un marché flexible du travail avec la main d’œuvre la moins chère possible (CDD, temps partiel, emplois intérimaires à la journée ou à la semaine pendant plusieurs années,…).
Les réformes sur le droit aux allocations de chômage et la précarisation du marché de l’emploi exercent une pression sur les conditions de travail et de salaire de tous. Le contrôle de la disponibilité des chômeurs organisé par l’ONEM, la transmission systématique des infos du FOREM vers l’ONEM provoquent déjà des dégâts sociaux importants depuis 2004. Les toutes dernières mesures prises par le gouvernement Di Rupo en matière d’allocations de chômage, directement liées au plan d’austérité inspiré par le pacte budgétaire européen, vont provoquer un véritable bain de sang social !

A la sortie de l’école, stage d’attente plus long et ensuite, allocations plus contrôlées !
A la sortie de l’école, le stage d’attente devient stage d’insertion et est allongé de trois mois. Il dure donc maintenant 12 mois au lieu de 9. Pendant cette période, il faudra faire la preuve d’une recherche active de travail et ne pas refuser une proposition de formation du service public régional de l’emploi. Le jeune sera convoqué tous les quatre mois dès le premier mois. Si ses efforts sont jugés insuffisants, il n’aura pas droit aux allocations. Avant le premier janvier 2012, les allocations auxquelles on pouvait prétendre après l’école s’appelaient allocations d’attente. Depuis le début de l’année, il s’agit d’allocations d’insertion. Une fois que le jeune y aura droit, il continuera d’être contrôlé et en cas d’évaluation négative, son allocation sera supprimée pendant six mois. En attendant les accords de coopération, le gouvernement fédéral fixerait dans un arrêté royal les procédures et les critères de contrôle des jeunes « allocataires d’insertion »
Au sortir de l’école, avant même d’avoir touché des allocations de chômage et souvent d’être syndiqués, les jeunes risquent déjà d’écoper de sanctions. S’ils atteignent les allocations d’insertion, pendant la durée de celles-ci, ils devront faire face à de multiples contrôles sous peine, au minimum, d’être suspendus durant de nombreux mois. Le contexte répressif augmente par rapport à eux comme s’ils étaient responsables du manque d’emploi ou du fait que les employeurs n’engagent pas sans exiger plusieurs années d’expérience, même quand se présentent à eux, de jeunes diplômés dans les métiers en pénurie. Dès le début du stage d’insertion, ils vivront avec ce couperet au-dessus de la tête alors que tout le monde sait que ceux qui intégreront le marché du travail, ne trouveront dans un premier temps que des emplois précaires, c’est-à-dire des CDD ou des contrats intérimaires ! Avec le volet emploi du plan de relance économique du gouvernement fédéral (qui devrait être finalisé d’ici fin juillet 2012) il se pourrait même que le seul accès au marché du travail se fasse dans un premier temps par le biais d’un stage en entreprise !

Les allocations d’insertion sont limitées dans le temps !
Depuis l’avènement du contrôle de la disponibilité des chômeurs en 2004, le PS et le CDH nous disaient que ce système constituait une protection contre la limitation des allocations de chômage dans le temps. Pour notre part, nous n’avons jamais cessé de démontrer qu’il était au contraire une porte grande ouverte vers cette limitation. Et nous y voici effectivement puisque les allocations dites maintenant d’insertion sont limitées à trois ans pour les cohabitants non privilégiés (peu importe leur âge) tandis que pour les cohabitants privilégiés, les isolés et les chefs de ménage, cette limitation à trois ans prend cours à partir de l’âge de 30 ans. Le délai de trois ans pourra être prolongé si le demandeur d’emploi a travaillé 156 jours durant les deux dernières années. Pour les personnes reconnues par le médecin de l’ONEM en incapacité d’au moins 33 %, cette limitation a été portée à 5 ans mais selon des infos encore officieuses, ces demandeurs d’emploi jusque là exempts du contrôle de la disponibilité, devraient, eux aussi, s’y soumettre.
Insistons sur le fait que la limitation dans le temps des allocations d’insertion ne concernent pas que les jeunes qui sortent de l’école. En effet, vu la crise économique structurelle du capitalisme et le manque de possibilités d’emploi depuis le début des années 80, un nombre important de travailleurs sans emploi sont restés en allocations d’insertion (anciennement d’attente) et n’ont jamais travaillé assez longtemps que pour percevoir des allocations de chômage sur la base d’un travail. Tous ceux-là aussi, chômeurs de longue durée,  en situation déjà très précaire, sont menacés d’exclusion au premier janvier 2015. Il s’agit donc également d’une attaque frontale contre tous les travailleurs sans emploi de longue durée, c’est-à-dire celles et ceux qui ont été peu à l’école, qui ont des difficultés de lecture et d’écriture et qui sont déjà dans des situations sociales inextricables. Les femmes cohabitantes, contraintes aux tâches ménagères et d’éducation des enfants et qui n’ont jamais travaillé le temps nécessaire  que pour pouvoir accéder aux allocations de chômage sur la base d’un travail, paieront elles aussi un lourd tribu à cette mesure de limitation dans le temps des allocations d’insertion. Les femmes seules avec enfants, qui doivent déjà affronter énormément de difficultés au quotidien et qui à cause de celles-ci, ont eu peu de possibilités pour accéder au travail ou au temps plein, feront aussi les frais de cette mesure.

La réforme des allocations de chômage :
Outre la dégressivité (voir plus bas), elle comprend plusieurs autres volets.
Contrôle de la disponibilité régionalisé et étendu aux plus de 50 ans !
Notons tout d’abord que le contrôle de la disponibilité organisé par l’ONEM depuis 2004 sera régionalisé. En Wallonie, ce contrôle serait pris en charge par un organisme d’intérêt public à créer mais cette info reste à vérifier. Signalons que la FGTB, principalement dans sa composante wallonne, a toujours revendiqué la suppression de ce système. Nous espérons que cette revendication continuera à s’exprimer avec la même teneur et la même force dans les semaines et les mois qui viennent. Depuis 2004, ECOLO s’est toujours prononcé contre ce contrôle. Mais alors, comment se fait-il que ce parti ait accepté ce transfert de compétence tel quel dans le cadre des négociations sur la réforme de l’état ? Etant au gouvernement wallon, acceptera-t-il sa mise en place sans le critiquer alors que celui-ci sera amplifié et étendu jusqu’à 55 ans en 2013 et jusqu’à 58 ans en 2016 et plus si les Régions le veulent ?
La notion d’emploi convenable modifiée
Auparavant, au bout de six mois, un travailleur sans emploi était obligé d’élargir sa recherche à d’autres domaines que le sien. Avec les mesures du gouvernement papillon, il devra le faire maintenant au bout de trois mois de chômage seulement. De plus, la distance jusqu’à laquelle un travail est considéré comme acceptable passe de 25 kms à 60 kms, et cela, quelle que soit la durée de déplacement.
Elargissement de l’obligation passive de disponibilité
Cette obligation sera élargie jusqu’à l’âge de 60 ans à partir de 2013. C’est-à-dire que les travailleurs sans emploi et les prépensionnés seront obligés d’accepter jusqu’à cette âge là toute offre d’emploi dite convenable !
Dégressivité des allocations de chômage
A partir du 1er novembre 2012, la dégressivité des allocations de chômage se mettra en place. Cette dégressivité constitue un véritable chantage imposé à tous les travailleurs sans emploi. S’ils ne trouvent pas de travail, ils tomberont au bout d’une certaine période dans des allocations de chômage en dessous des seuils de pauvreté européen. Deux cent mille personnes, principalement des chefs de ménage et des isolés risquent de tomber dans ce piège à la précarité tendu par le gouvernement papillon. Dans ces conditions, comment la Belgique compte-t-elle remplir ses engagements vis-à-vis de l’Europe qui étaient de réduire d’ici à 2020 de 380.000 le nombre de nos citoyens touchés par la pauvreté ? Comment un gouvernement, sensé travailler pour l’amélioration du bien être de toute la collectivité, peut-il ainsi décider volontairement de faire baisser les revenus du chômage en dessous des seuils de pauvreté et placer un nombre important de personnes dans des situations de dettes, de difficultés pour payer le loyer ou se loger, de gros problèmes pour se soigner ou même manger ! Comment feront-ils tous ces demandeurs d’emploi pour retrouver un travail avec toutes ces problèmes sur le dos ?
De plus, faire payer ainsi la facture aux chômeurs alors qu’il n’y a qu’une seule offre d’emploi disponible pour 25 demandeurs en Wallonie et que le gouvernement renonce à développer une politique publique de création d’emplois de qualité pour tous, c’est inadmissible !

 Voici les principales étapes de la dégressivité
des allocations de chômage :
PREMIERE PERIODE :
Dans la première phase de la  première période, les allocations seront plus élevées qu’actuellement. Les travailleurs sans emploi toucheront durant les trois premiers mois 65% du salaire brut perdu plafonné à 2370,76Les trois mois suivants tombent déjà à 60% du salaire brut perdu plafonné à 2370,76
Dans la seconde phase de cette première période, pendant les six mois qui suivent, le travailleur sans emploi percevra une allocation calculée sur la base de 60% du salaire brut perdu plafonné à 2209,59
SECONDE PERIODE :
Selon le passé professionnel de chaque demandeur d’emploi, elle pourra durer de 2 à 36 mois.
Dans la première phase de cette seconde période, pendant une période de 2 mois plus 2 mois par année de passé professionnel avec un maximum de 12 mois en tout, 60% du salaire brut perdu plafonné à 2064,81 pour les chefs de ménage, 55% du salaire brut perdu plafonné à 2019,88 pour les isolés et 40% du salaire brut perdu plafonné à 2019,88pour les cohabitants.
Dans la seconde phase de cette seconde période, pendant les 24 mois suivants maximum (toujours par tranche de deux mois supplémentaires par année de passé professionnel), les allocations diminueront chaque semestre pour tous les chômeurs jusqu’au forfait.
TROISIEME PERIODE EST EGALE AU FORFAIT :
Chef de ménage : 1090
Isolé : 916
Cohabitant : 484































Rupture avec le caractère assurantiel des allocations de chômage :
Depuis 2004, toutes les mesures de réforme des allocations de chômage, y compris celles qui concernent l’accompagnement des chômeurs organisées par le service public régional de l’emploi, rendent complètement aléatoires la protection sociale de tous les travailleurs victimes de licenciements souvent dus à des restructurations ou délocalisations voulues par des actionnaires avides d’augmenter leurs profits personnels. Le contrôle de la disponibilité, l’accompagnement individualisé des services régionaux de l’emploi, la transmission systématique des données de ces services vers l’ONEM, le stage d’attente qui devient stage d’insertion, imposent aux jeunes et aux travailleurs sans emploi de prouver qu’ils recherchent activement du travail pour avoir accès aux allocations de chômage ou pour pouvoir continuer à en bénéficier. Depuis 2004, nous sommes entrés dans l’ère de la sécurité sociale au mérite. Pour les plus jeunes, ouvrir le droit aux allocations d’insertion va dépendre d’obligations à respecter pendant la période de stage et pour tous les chômeurs, depuis 2004, pour garder les allocations, il faut respecter des conditions subjectives fixées par l’ONEM ou les services régionaux de l’emploi dans des contrats. Soumis à de multiples évaluations, tous les travailleurs sans emploi sont susceptibles de subir un jour ou l’autre une sanction. Avec la limitation dans le temps des allocations d’insertion et la dégressivité des allocations de chômage, le gouvernement papillon vient de franchir une étape supplémentaire. Alors que le contrôle de la disponibilité impose l’obligation de faire la preuve de recherches actives d’un travail, maintenant, en plus, il va falloir absolument en trouver un, même précaire, pour échapper à l’exclusion ou à de maigres allocations ! la Sécurité Sociale constituait le premier rempart contre la pauvreté. Grâce aux gouvernements qui se sont succédé depuis 2004, ce n’est plus le cas. Dès lors, pas étonnant que le nombre de personnes confrontées à la pauvreté ait augmenté fortement dans notre pays et que les CPAS se sentent démunis face à l’afflux des demandes d’aides sociales qu’ils doivent assumer sans refinancement. Et comme devoir accepter n’importe quel travail va devenir nécessaire pour échapper aux sanctions ou à la dégressivité, le fait de travailler ne sera pas non plus la garantie de sortir de la précarité. Les patrons se frottent les mains car ils vont pouvoir exploiter la main d’œuvre disponible aux conditions qu’ils souhaitent. De plus, dans le cadre de la politique de relance économique voulue par le gouvernement, ils vont continuer à bénéficier de baisses de charge et d’avantages fiscaux sans contrepartie !

Stop à la chasse aux chômeurs, annulation de la dette, retour au caractère assurantiel des allocations de chômage !
Ce ne sont pas les chômeurs qui sont indisponibles, c’est l’emploi ! Ce ne sont pas les jeunes, les femmes ni l’ensemble des travailleurs qui sont responsables des crises financières et de la dette ! Dès lors, par nos mobilisations, nous devons imposer des revendications qui font payer les crises par ceux qui les ont provoquées ainsi qu’une politique qui rétablit le caractère assurantiel des allocations de chômage et la création d’emplois de qualité pour tous.
Ce sont les banques qui ont provoqué la dette par des opérations de spéculation financière. Celle-ci doit être soumise à un audit. Le gouvernement ne devrait pas imposer le remboursement des parties illégitimes de la dette aux travailleurs avec ou sans emploi. Ces derniers voient leurs droits réduits à néant tandis que les banquiers ont bénéficié de centaines de milliards pour se renflouer. Réduire cette soi-disant dette publique que le gouvernement (c’est-à-dire toute la collectivité) aurait vis-à-vis des banques et des marchés financiers, c’est  démanteler nos droits sociaux et nos services publics. C’est favoriser la précarisation du marché du travail. STOP, nous sommes la majorité de la population! Nous n’avons pas à payer pour une minorité qui veut encore plus de richesses alors qu’elle en possède déjà une toute grande partie ! Nous revendiquons l’annulation de la dette illégitime ainsi que le retrait de toutes les mesures prises contre les chômeurs depuis 2004.
- Création d’emplois de qualité pour tous !
Ce dont la population a besoin, c’est d’une véritable politique de création d’emplois de qualité pour tous.
C’est possible, par :
-  la réduction du temps de travail, sans augmentation de la flexibilité, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires.
-  Un plan public de création d’emplois qui soit respectueux de l’équilibre écologique, dans des activités qui correspondent aux besoins sociaux de toute la collectivité.
Ces deux mesures essentielles pourraient être financées par l’annulation de la dette illégitime, un impôt plus juste et plus progressif, la suppression des intérêts notionnels, une lutte efficace contre la fraude fiscale (20 milliards par an), une taxe sur les transactions financières,…
Pour que tous nous puissions avoir accès à une vie décente, il faudra imposer par nos luttes une répartition équitable des richesses pour une politique assurant à chacune et chacun un emploi de qualité et le maintien d’une sécurité sociale forte qui protège véritablement de la pauvreté. Au lieu de faire la chasse aux chômeurs, les pouvoirs publics devraient s’inspirer de nos propositions car ils devraient être au service de la majorité de la population et pas, comme actuellement, à celui d’une minorité de financiers et de gros actionnaires avides de profits.

Freddy Bouchez
Coordinateur de l’ASBL CEPRé (Centre d’Education Populaire Régional)
Militant de la FGTB/Centre.

16/06/2012

SETCa Charleroi : la Gauche est-elle soluble dans l’austérité ?


Ce jeudi 14 juin, le SETCa de Charleroi a offert une tribune aux partis « de gauche » devant son Comité Exécutif. C’est évidemment dans le cadre de la dynamique lancée par la FGTB Charleroi le 1er mai autour de la constitution d’une force politique à gauche du PS et d’Ecolo que cette initiative se situe. Devant quelques dizaines de militants, le Secrétaire Général du SETCa, Rudy Pirquet, plante d’emblée de débat dans un cadre clair : les partis de gauche doivent-ils se retrouver dans un gouvernement pour appliquer des mesures de droite ? Sont-ils encore de gauche ?
En obtenant la parole en première, Ozlem Ozen, vice-présidente de la Fédération PS de Charleroi et députée fédérale, n’avait pas vraiment un cadeau. Il fallait un certain courage pour oser dire que « le PS se bat pour faire barrage au maximum aux politiques libérales »… et d’ajouter que c’est grâce au PS qu’on n’a pas de nouveaux impôts et qu’on a gardé l’index ! Elle reprend alors tout les arguments (« le moindre mal », « sans nous, ce serait pire, regardez la Grèce et la Roumanie », « on a augmenté le salaire minimum, ailleurs il baisse », « on n’a pas limité le chômage dans le temps ») que le Secrétaire de la FGTB avait démonté lors de son discours de 1er Mai.
Benjamin Dusaussois pour le PSL et Bernard Wesphael (MG en constitution) repartent du cadre européen, niveau auquel de nombreuses politiques d’austérité sont élaborées. B Wesphael, rappelle qu’il fut seul en 2005 à voter contre le traité constitutionnel européen, au niveau Wallon. Il rappelle qu’à l’époque la Confédération Européenne des Syndicats était pour…
Au nom de la LCR, Freddy Mathieu a rappelé la « lettre ouverte aux syndicalistes » qui circule dans les milieux syndicaux depuis la mi-janvier : partant du constat que la social-démocratie (rose ou verte) est totalement convertie « au marché » il décrit comment le mouvement syndical a été conduit dans une impasse. Les « relais politiques » et la « courroie de transmission » fonctionnent à contresens, pour faire passer les mesures antisociales auprès des travailleurs. Il prend à contrepied les arguments de la représentante du PS en décrivant comment trente années du PS au pouvoir ont abouti au détricotage de la Sécurité Sociale (notamment en matière de chômage et de pensions) et à la « note Di Rupo » de juillet 2011, un copié/collé du fameux « modèle allemand » qui brade les conditions de travail et la protection sociale. Si le syndicat veut sortir de cette ornière, dit-il, il doit prendre des initiatives, en toute indépendance. Cela changerait la donne à gauche.
Germain Mugemangango (du PTB) a acté plusieurs points de convergence avec les trois intervenants qui le précédaient. Il a marqué son intérêt pours les déclarations de Daniel Piron le 1er mai, mais il pense que les organisations de la gauche radicale doivent prendre des initiatives diverses (notamment lors de scrutins comme les élections communales) pour se rapprocher et offrir la réponse unitaire attendue par le syndicat.
Isabelle Meerhaeghe (Ecolo) a critiqué vertement le PS mais n’a pas pu démarquer la politique gouvernementale d’Ecolo aux gouvernements, wallon et communautaire, de « la bonne gouvernance » qui est un des thèmes chers aux milieux pro-austérité européens. Elle s’est empêtrée dans une pseudo explication du vote des écologistes en soutien au MES (« le mécanisme pas le traité »)… Ce qui lui valut une réplique vive de Freddy Mathieu et Bernard Wesphael à propos des conséquences automatiques, inéluctables d’une acceptation parlementaire de ces nouveaux mécanismes européens. « Des gouverneurs intouchables, incontrôlables, décideront du montant que les pays devront débourser pour aider d’autres pays à aider leurs banques comme en Espagne, sans débat, sans décisions démocratiques et puis on nous redira encore que c’est l’Europe qui décide au-dessus » s’emporte Freddy Mathieu d’accord avec B. Wesphael pour dire que le mouvement syndical doit bloquer ce dossier par une mobilisation urgente et vigoureuse.
Plusieurs militants de l’Exécutif du SETCa sont intervenus notamment à propos de la coupure qui s’approfondit entre le PS et les travailleurs, à propos de l’index, de la pauvreté galopante, particulièrement dans la région de Charleroi.
Dans la deuxième partie du débat, la question centrale était de définir les possibilités de « création d’un nouvelle force politique à gauche du PS et d’Ecolo » ainsi que l’exprimait la FGTB le 1er mai. Rudy Piquet rappelle que Paul Magnette trouve cette proposition « folklorique »…
C’est Freddy Mathieu qui ouvrait le feu sur cette question. « Pour la LCR dit-il, petite organisation on ne vient pas vendre nos salades, on pense que c’est au mouvement syndical de donner le tempo et le contenu d’un telle dynamique, il en a la représentativité (3 millions de syndiqués) ; la compétence, l’expertise (il défend au quotidien les travailleurs avec ou sans emploi et connait leurs situations concrètes) ; les forces militantes (des milliers de délégués dévoués, élus par les travailleurs). » L’addition des petites forces des petites organisations de la gauche radicale est souhaitable mais pas suffisante, estime t’il, on a besoin d’une autre alchimie pour (re)construire une vrai parti de classe qui s’appuie avant tout sur la lutte des travailleurs. Appuyant les  interventions dans la salle, il continue « C’est totalement réducteur de dire que c’est le PS qui a sauvé l’index ; la droite et les milieux patronaux ont peur d’attaquer de front sur cette question à cause de la force de mobilisation syndicale qui reste, malgré les coups, relativement intacte, nous ne pouvons compter que sur nos forces».
Bernard Wespahael estime qu’avec la création du MG il n’y a rien à créer en plus, se défendant de diviser la gauche, comme certains le lui ont reproché personnellement. Le PSL s’est dit d’accord avec la notion de « parti de classe » plaidant pour un vrai débat entre les différents courants de la gauche radicale qui devraient y coexister. Le PTB et Ecolo sont restés assez évasifs sur cette question. Ecolo en particulier se limitant à reparler des « convergences à gauche », projet sans lendemains du PS pour phagocyter Ecolo,  auxquelles le parti vert préfère une « gauche réunie, pluraliste », comment ? avec qui ?
Ce débat a mis en évidence la recherche d’alternatives chez les militants syndicaux, mais aussi l’immense travail de conviction qui doit être fait avec les bases syndicales que l’offensive idéologique de la droite, soutenue et répercutée par la pseudo-gauche, a labouré pendant des décennies.

Correspondant
14 juin 2012

06/06/2012

Réponse à Elio Di Rupo - une motion de la FGTB Charleroi

La FGTB Charleroi & Sud-Hainaut a pris connaissance de l’interview accordée par Elio DI RUPO dans le journal « Le Soir » de ce mercredi 6 juin 2012 intitulé « La colère de DI RUPO » contre les syndicats, l’opposition, les médias,…
La FGTB Charleroi & Sud-Hainaut tient d’abord à rappeler qu’elle soutient avec force les critiques formulées par Thierry BODSON, Secrétaire Général de L’Interrégionale Wallonne de la FGTB sur le plan de réforme du chômage qui conduira des dizaines de milliers de chômeurs vers la pauvreté (dégressivité des allocations de chômage au 1/11/2012) et condamnera des milliers de jeunes indemnisés sur base de leurs études, au CPAS dès le 1er janvier 2015 date à laquelle plus de vingt mille d’entr’eux seront privés de tout revenu.
Fallait-il, pour concevoir un plan de relance, que l’on conduise préalablement des dizaines de milliers de chômeurs dans la précarité ? La question est lancée.
Le 1er, par ailleurs Président empêché du PS, semble ne pas y avoir réfléchi. Quand on s’attaque aux syndicats et en particulier à la FGTB Wallonne et que l’on souhaite qu’il arrête de jouer son rôle de contre-pouvoir, quand on s’attaque aux médias et que l’on critique l’opposition dans ses composantes qui relayent le discours syndical, on s’engage petit à petit vers un pouvoir fort. La Belgique n’est pas la Russie soviétique et la FGTB Charleroi & Sud-Hainaut ne sera jamais la courroie de transmission du PS.
Plus que jamais, la FGTB Charleroi & Sud-Hainaut en appelle, si tant étaient celles et ceux qui ne l’auraient entendu lors de son 1er mai 2012, à la mise en œuvre d’une force politique à gauche du PS et d’Ecolo. Elle œuvrera en ce sens dès la rentrée de septembre.

Pour la Régionale FGTB CHARLEROI & SUD-HAINAUT
Daniel PIRON, Secrétaire Régional